Du 7 au 11 juillet 2025, un groupe de jeunes adultes venus d’horizons très différents se sont retrouvés au Climont pour parler d’espoir.
Ulysse Gounelle, co-organisateur du Summerschool, nous donne un retour de cette semaine exceptionnelle.
Pour les témoignages des autres jeunes, voir ci-dessous.

» Cette rencontre avait pour but de créer un espace d’échange sur un sujet qui nous rassemble tous : comment conserver de l’espoir quand le monde tremble sur ses fondations ? Difficultés démocratiques, changement climatique et intelligence artificielle ont été les trois thèmes qui ont rythmé les débats entre les participants. Le fil rouge de ces interventions et discussions était non seulement l’espoir mais aussi l’espérance. Ce terme intraduisible, spirituel, nous a permis de poser la question de l’apport des religions et des convictions personnelles dans les processus démocratiques, la protection de l’environnement et le développement du monde numérique.
Le groupe a rassemblé 14 personnes de nombreuses nationalités : française, libanaise, britannique, palestinienne, néerlandaise, afghane, suisse. Les confessions des participants étaient toutes aussi diverses : chrétiens, juifs, musulmans et athées ont pu paisiblement échanger autour de la table.

La semaine a débuté par une intervention autour de la distinction entre espoir et espérance chez le théologien protestant Jacques Ellul par le philosophe Frédéric Rognon.
Une fois les bases établies, nous avons pu entrer dans le vif du sujet en parlant de l’apport des religions dans les démocraties, en Europe comme au Moyen-Orient, avec Lilia Bensedrine Thabet, co-présidente du comité pour le Dialogue interreligieux et interconvictionnel au sein du Conseil de l’Europe et Mathieu Busch, le directeur de l’Action Chrétienne en Orient (ACO)*.



Le groupe s’est ensuite rendu à Strasbourg pour une journée de visites multiconfessionnelles sur le thème de l’écologie : nous avons été accueillis par la paroisse protestante de Graffenstaden,

la Grande Mosquée de Strasbourg et la communauté juive libérale du centre de Strasbourg.
Martin Kopp et Hala Bounaidja-Rachedi, deux représentants de Greenfaith nous ont expliqué comment leur foi nourrissait leur militantisme face au dérèglement climatique.





Après cette journée chargée, nous avons abordé les thèmes de la technologie et de l’intelligence artificielle. Pour cela, nous avons échangé par visio-conférence avec Louise Morel, députée du Bas-Rhin, et son travail à l’Assemblée Nationale pour la régulation de l’IA.

Puis nous avons débattu avec Cédric Bischetti et Adrien Delaunay, deux entrepreneurs spécialistes de l’intelligence artificielle.
La journée s’est ensuite terminée par une visite du camp de concentration de Natzweiler-Struthof, un lieu où la technologie a justement été employée pour déshumaniser et persécuter.



La semaine s’est close sur une réflexion autour des ressources d’espoir et d’action pour agir, chacun à notre échelle, pour un monde meilleur, pour travailler à la paix, et résister à tous les mouvements qui cherchent à déshumaniser des personnes.


Et puis, ce dernier jour, nous avons appris l’incroyable nouvelle que Hamta, l’une des réfugiées afghanes de notre groupe avait enfin été acceptée à l’école européenne de Strasbourg, après un premier refus en raison de son âge. Elle avait quitté l’Afghanistan avec ses parents et ses deux sœurs à cause de l’arrivée au pouvoir des Talibans, puis a rejoint la France après un long périple.
Son histoire illustre magnifiquement ce qui arrive quand des personnes se mettent à espérer ensemble et agissent : des situations sans issue basculent !
Impossible de ressortir de cette semaine sans un espoir renouvelé. Car une chose est claire : notre humanité nous rassemble bien au-delà de nos différences ! »

Ulysse Gounelle
* Grâce au partenariat avec l’ACO, Areni, Jad et Rafa, les trois jeunes originaires du Liban et de la Palestine ont pu participer. Un grand merci à Mathieu Busch!
Et un grand merci à Isabelle Marx pour la partie cuisine du Summerschool et sa ténacité face à des situations, qui semblent sans issue, comme celle des jeunes femmes Afghanes!
Quelques témoignages
Areni, étudiante en biologie – 23 ans, Libanaise de culture arménienne et de confession protestante
En tant que chrétiens arméniens, nous avons tendance à être focalisés sur notre propre peuple et son histoire douloureuse. Mais au Climont j’ai pu découvrir différentes cultures, entendre les voix opprimées d’Afghanistan ou de Palestine et partager les similitudes que nous avons tous en matière de religion.
A début, j’ai pensé qu’un Summerschool au Climont serait l’occasion idéale de m’éloigner de tout ce qui se passe au Liban. Mais au bout du compte, j’ai passé beaucoup de temps à poser des questions sans fin à mes amis musulmans, voulant tout savoir. Au fil du temps, j’ai découvert une perspective différente sur eux. C’était quelque chose que je n’avais jamais réussi à faire après avoir vécu des années parmi eux au Liban.
Nous avons visité un camp de concentration avec les personnes de notre groupe d’origine juive et palestinienne. Au Liban, cela aurait été impossible. Et c’est justement devant ces baraques où ont lieu tant d’horreurs dans le passé, qu’ils ont parlé de ce qui se passe aujourd’hui en Israël et à Gaza. Les voir partager en paix leur histoire, m’a fait voir mes problèmes quotidiens sous un autre angle.
L’objectif de ce Summerschool était de trouver l’espoir, et je pense que chacun en avait sa propre vision. Cela reflétait très bien leurs origines respectives. Pour les Européens, il s’agissait davantage d’espérer un avenir écologique meilleur, pour les Palestiniens, d’avoir un foyer sûr, pour les Libanais, d’assurer la stabilité fondamentale du pays, pour les Afghanes de pouvoir étudier et travailler. C’était inspirant d’entendre autant d’opinions différentes sur un même sujet, coexistant les unes avec les autres tout en étant toutes valables.

Mon plus grand espoir et ce que je retiens de ces 5 jours, c’est de pouvoir avoir une communauté aussi accueillante que celle que j’ai rencontrée à Climont et prête à partager les origines de chacun.



Rafa, étudiante en soins infirmiers – 19 ans, Palestienne de confession musulmane
Pour la première fois depuis longtemps, je me suis sentie vraiment écoutée. J’ai pu partager ce que signifie vivre sous occupation, comment nous continuons à trouver de l’espoir, comment de petits actes de dignité deviennent de la résistance. J’ai constaté que de nombreux participants n’avaient jamais rencontré de Palestinien auparavant. À la fin de la semaine, ils ne se contentaient pas d’apprendre des choses sur la Palestine, ils se sentaient concernés. Ils posaient des questions plus profondes. C’est ce qui m’a le plus touchée. J’ai également eu la chance d’entendre d’autres personnes – de différents pays et croyances – qui sont confrontées à leurs propres formes d’ébranlement, ce qui m’a montré que même si les luttes sont différentes, l’aspiration à l’espoir nous relie.

L’un des moments les plus forts a été celui où nous avons parlé de la démocratie et de la foi. J’ai expliqué qu’en Palestine, malgré tout, les gens continuent de rêver de justice et de liberté, et que notre foi joue un rôle important dans la préservation de cet espoir. J’ai trouvé très significatif de pouvoir dire que ma foi en l’islam renforce ma foi en la justice, la participation et la dignité, qui sont toutes au cœur de la démocratie, et que pour moi, l’islam n’est pas en contradiction avec la démocratie, mais qu’il en est une de ses sources.

Jad, étudiant en gestion informatique – 19 ans, Libanais de confession protestante
Venant du Liban, où nous sommes confrontés à une grave crise économique ainsi qu’à des conflits et à une instabilité permanents, l’espoir est quelque chose dont notre peuple a profondément besoin. Ce thème a vraiment résonné en moi.
L’une des activités les plus mémorables a été la visite d’une église, d’une mosquée et d’une synagogue en une seule journée. En tant que chrétien, j’ai trouvé enrichissant de découvrir d’autres religions, leurs croyances et leurs traditions. L’accueil chaleureux que nous avons reçu de notre arrivée jusqu’à notre départ nous a fait chaud au cœur.
Il est difficile d’exprimer mon expérience en quelques mots, mais le temps passé ensemble était vraiment spécial et unique. Vivre avec des personnes de religions, d’origines différentes pendant près d’une semaine a été pour moi une expérience nouvelle qui m’a ouvert les yeux. Au début, je pensais qu’il serait difficile de nouer des liens avec des personnes d’origines aussi diverses, mais tout au long de la semaine, j’ai découvert que nous partagions beaucoup de préoccupations, de défis et même d’espoirs pour l’avenir.



Ulysse, étudiant en science po – 20 ans, français de confession protestante
Mettre des noms derrière les statistiques, mettre un humain derrière les nouvelles froides et abstraites venant du Liban, de Palestine, d’Afghanistan, aura été une expérience transformante. Surtout, se rappeler encore et toujours que les idéaux que l’on a n’en sont que quelques-uns parmi d’autres. Que notre mode de vie n’en est qu’un parmi d’autres.
Cette recherche de la coexistence, la rencontre de l’autre, premier pas de la paix, aura caractérisé toute cette superbe semaine passée dans les Vosges à réfléchir, échanger, débattre avec d’autres personnes, si différentes mais si similaires à la fois.
C’est une parenthèse d’espoir qui s’est ouverte grâce à cette école d’été, et j’espère sincèrement qu’elle restera ouverte pendant longtemps.

Anna, étudiante en biologie – 19 ans, franco – grecque – néerlandaise, étudiant en Angleterre, athée
Quand nos réflexions autour de l’intelligence artificielle, nous renvoient à penser notre humanité :
Pour moi, être humain veut dire subir l’expérience humaine. L’expérience humaine c’est vivre dans le monde physique, être vulnérable aux éléments de la terre et de l’espace, comme ressentir la chaleur du soleil sur son visage ou le vent d’un orage violent et inattendu. C’est philosopher, avoir des ambitions et des envies, mettre un place des projets et les abandonner puis les réessayer et les achever. C’est faire partie d’une société ou d’une communauté ou tout simplement exister en tant que petite pièce qui compose le puzzle gigantesque de l’humanité. C’est apprendre, faire de l’art, chercher un sens dans notre existence. C’est avoir des liens avec des gens, qu’ils soient profonds ou frivoles, longs ou courts, des connexions qui nous changent pour le meilleur ou pour le pire, qui nous font penser, grandir, ressentir, qui nous donnent une joie de vivre. L’expérience humaine c’est aussi la perte. C’est le fait que dans ce monde rien ne nous appartient réellement, nos affaires comme ceux qu’on aime comme même notre propre corps, qui ne fait pas exception au vieillissement et éventuellement à la mort. L’humanité est belle et précieuse par défaut de sa fragilité. Penser, apprendre, et ressentir est fait par des milliers de connections synaptiques en un clin d’œil, c’est la complexité que la vie nous a offerte en tant qu’humains.
L’expérience humaine c’est l’évolution, à la fois individuellement et en tant qu’espèce. Notre existence à ce jour présent est le résultat d’une descendance et réplication continue provenant d’une seule cellule, il y a plus de 4 milliards d’années. Nous n’avons jamais cessé d’exister depuis notre création, et de même en tant que personne nous vivons et éprouvons la vie du berceau à la tombe.
Pour moi c’est ça être humain, le fait qu’on ne peut pas s’éteindre et redémarrer, et qu’on soit exposés au monde physique dans les limites et permissions de notre corps et des lois de la nature.



Edna, étudiante de théâtre en Angleterre – 20 ans, franco – anglaise et simplement rien en termes de religion 🙂
My experience with this summer school was really fruitful and inspiring. It offers so many viewpoints and so much food for thought, facilitating all kinds of discussions that help to deepen our understanding of others and ourselves. Hope is a seed planted within the youth of a society, and grown into branches across generations, this workshop uncovered the hope that may have previously been dormant within a group of young people. Loss of hope occurs when we are dazed with misunderstanding, sunk in disconnection or a victim of lifes misfortunes. If we can connect again, learn again and be cared for, even just for a moment, hope can exist.
Mon expérience avec cette université d’été a été très enrichissante et inspirante. Elle offre tellement de points de vue et de matière à réflexion, facilitant toutes sortes de discussions qui aident à approfondir notre compréhension des autres et de nous-mêmes. L’espoir est une graine plantée dans la jeunesse d’une société, qui se développe en branches à travers les générations. Cet atelier a permis de révéler l’espoir qui était peut-être jusqu’alors latent chez un groupe de jeunes. La perte d’espoir survient lorsque nous sommes aveuglés par l’incompréhension, plongés dans la déconnexion ou victimes des malheurs de la vie. Si nous pouvons à nouveau nous connecter, apprendre et être aimés, ne serait-ce que pour un instant, l’espoir peut exister.

Et l’espoir vu par Anosha, Hamta, Negin, Weeda et Nathan :





bravo pour la semaine de l’espoir! Je veux en être!!
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