Stammtisch du Climont : Quatre rencontres sur l’avenir de l’humain à l’âge de l’intelligence artificielle

Il y a des itinérances et il y a des errances.
Sans le savoir, en quelques décennies, l’humanité s’est irréversiblement enroulée dans une transformation technologique sans précédent. Avec l’intelligence artificielle, nous externalisons nos mémoires, calculons en un clic le temps de nos trajets, prenons nos décisions à base de modèles statistiques dessinés par des machines. Avec quelques mots-clés, l’algorithme nous rend un texte parfaitement lisible. La traduction, depuis la nuit des temps symbole d’humanisme et de volonté d’entente, est prise en charge par l’outil numérique sans le moindre effort.
Mais est-ce que cela que nous volons ?
Comment savoir ce que nous voulons, quand ce que nous pouvons ne demande de moins en moins notre compétence, notre effort, notre créativité personnelle ? Ce qui nous hante et fait errer, c’est cet esprit du numérique qui insère en nous une sorte de mollesse, de l’apathie. « La tyrannie des algorithmes » est-elle en train de vider notre ambition, notre désir et notre passion de leur substance ? Tout ce qu’il résiste à la réalisation, tout ce qui demande un effort, obtient sa valeur justement grâce à la contrariété. C’est la loi de réalité humaine. C’est ce qui le mettait en route contre vents et marrées. Mais qui serons-nous, demain, quand le fonctionnalisme aura remplacé le vital, la vie sera dictée par l’intelligence artificielle et quand nous sommes habitués à nos expériences numériques ? Qu’est-ce qu’il nous restera de ce que, dans le passé, s’appelait ‘existence’?

Pour entrer dans la discussion, ABC-Climont vous propose de lire les trois interviews que Régis Meyran a fait avec le philosophe franco-argentin Miguel Benasayag. Les réflexions du penseur sont limpides et profondes. Sans vouloir prendre la position du technophobe ou pessimiste, Benasayag insiste sur le fait que l’avenir de l’homme n’est pas un destin à subir, mais un choix à faire. Si nous voulons sauver la démocratie, la culture, la terre, il nous faut développer ensemble des stratégies et de postures pour pouvoir vivre avec nos futurs amis ou ennemis algorithmiques.

Les trois premiers Stammtischs autour des interviews avec Miguel Benasayag, seront clôturés par un Stammtisch autour du rapport de la commission parlementaire Les Lumières à l’ère numérique, présidée par le sociologue Gérald Bronner. Il est l’auteur de l’essai Apocalypse cognitive dans lequel il décrypte la manière dont la technologie numérique influence nos croyances collectives.
Animation des échanges lors des Stammtisch : Chris Doude van Troostwijk (philosophe, Université Libre d’Amsterdam, LSRS-Luxembourg)
La participation au Stammtisch du Climont peut se faire ponctuellement et est gratuite.
Les dates des Stammtisch: les vendredis 10 mars, 31 mars, 21 avril et 5 mai à 19h au Promontoire, 6 route des Crêtes, Climont (Urbeis) . contact@ABC-Climont.eu Tel. 06 35 35 77 52
Chacun est invité à apporter quelque chose à mettre sur la table pour alimenter la réflexion et les échanges
Stammtisch 10 mars – L’échec de la rationalité occidentale (La Tyrannie des Algorithmes. Chapitre 1, p. 13-48)
Stammtisch 31 mars – La post-démocratie (Chapitre 2, p. 50-70)
Stammtisch 21 avril – Théorie de l’agir (Chapitre 3, p. 72-94)
Stammtisch 5 mai – Fragments du rapport les Lumières à l’ère numérique de la commission Bronner et de l’audition de la commission par les députés (voir ci-dessous)
Pour ceux qui souhaitent se préparer aux Stammtischs :
Miguel Benasayag, La Tyrannie des Algorithmes. (Série « Conversations pour demain »). Paris : Éditions Textuel, 2019 (94 p., €15,00)
Le compte rendu de l’audition de Gérald Bronner, professeur de sociologie à Paris-Sorbonne Université, président de la commission «Les Lumières à l’ère numérique» (à voir sur https://www.dailymotion.com/video/x8f5ray, ou à télécharger sur le site de l’Assemblée Nationale (www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/comptes-rendus/cion-cedu/l16cion-cedu2223010_compte-rendu#)
Gérald Bronner, Apocalypse cognitive. Paris : PUF, 2021 (396 pages, €19,00)