L’inhospitalité

« Pourquoi l’inhospitalité ? Pourquoi les migrants font-ils aujourd’hui l’objet d’un violent rejet ? Pour le comprendre, je m’appuie sur la philosophie politique et la psychanalyse. »

Jacob Rogozinski

Jacob Rogozinski s’interroge sur l’inhospitalité croissante des nations occidentales qui considèrent la venue des migrants comme une intrusion dangereuse. Il critique d’abord la conception d’une hospitalité éthique « inconditionnée » avancée par Derrida et il propose de revenir à Kant, à sa conception politique de l’hospitalité qui, en permettant de surmonter l’hostilité réciproque entre les peuples, rend possible une « société cosmopolitique » pacifiée. Puis il examine la genèse de l’idée de nation ; il critique l’exigence d' »assimilation » imposée aux immigrés ; et, en s’appuyant sur la philosophie politique et la psychanalyse, il analyse la crise du corps politique dans les démocraties modernes avec l’angoisse qu’elle provoque. La représentation inquiétante d’une « frontière-passoire » s’enracine selon lui dans une pathologie de l’enveloppe corporelle qui apparaît quand les limites de notre propre corps vacillent. C’est ce fantasme qui réapparaît sur le plan collectif et sous-tend la xénophobie et la haine de l’étranger. Une véritable hospitalité n’est possible qu’en surmontant les fantasmes qui nous hantent: en envisageant la rencontre de l’étranger comme une promesse et non comme une menace.